Du VIème au IXème siècle, une longue période encore aujourd’hui méconnue succède à l’effondrement de l’empire romain. Le bas-Languedoc alors appelé Septimanie fait partie du royaume Wisigothique. Il faut attendre Charlemagne et les conquêtes franques pour d’une certaines stabilité politique autorise un nouvel essor économique et démographique. L’église met à profit la période carolingienne pour se raffermir et se reconstruire après les dévastations causées par les invasions successives.
Les IXème, Xème et XIème siècles sont pour l’église une grande période de développement patrimonial. S’assurer une place au paradis en donnant à l’Eglise tout ou partie de ses biens est alors une pratique fort courante. En attestent dans les cartulaires (recueil des chartes ou titres de propriété des abbayes), les dons de terres, landes, forêts que les monastères ont pour tâche de faire valoir avec l’aide des paysans qui vivent et travaillent sur les domaines monastiques.
Avec la paix se met en place une société hiérarchisée : c’est la féodalité. Sont désormais réunie, à l’orée du Moyen-âge « classique » (XIIème-XIIIème siècle), les trois composantes de la société médiévale : ceux qui combattent (les nobles), ceux qui prient (les clercs), ceux qui travailles (les paysans).
De nombreuses fondations de monastères, d’abbayes et de prieurés permettent d’organiser les campagnes. La paroisse devient l’un des cadres principaux de la vie rurale, et l’église, l’un des éléments caractéristiques du paysage. Les paroisses se multiplient aux IXème et Xème siècles. Vers l’an mil, selon la citation prêtée au moine Gerber, le pays se couvre « d’un blanc manteau d’églises ». Les paysages et l’esprit des hommes sont désormais prêts pour accueillir l’un des plus beaux courant artistique de l’occident : L’art roman.
Située au nord du département de l’Hérault, l’église de Buzignargues est une des nombreuses églises romanes du Languedoc.
Remaniée au cours des siècles, son origine remonterait au XIème siècle. Les pierres taillées, de formes variées qui composent le mur au sud en témoignent, et traduisent des époques distinctes de construction. La fenêtre qui s’ouvre au sud est semblable au modèle rencontré dans d’autres édifices du diocèse. Le chapiteau de droite est orné de trois collerettes d’acanthes.
Les travaux de rénovation réalisés en 1985 à l’intérieur de l’église (mise à nu des pierres) ont permis de mettre en évidence les différentes couleurs de pierres calcaires.
Image satellite Google Earth Plan cadastral de 1844
Sur le plan cadastral de 1844, dit « plan napoléonien », l’église apparaît en grisé : c’est la règle pour les bâtiments ecclésiaux sur les documents de ce type.
On constate en outre l’existence d’un ilot sur la place de l’église, ilot subdivisé en quatre propriétés. Les fondations de ces maisons aujourd’hui disparues ont été observées lors de l’aménagement du tout à l’égout.
Le pont qui enjambe la Bénovie n’a pas encore été érigé en 1844 : on traverse la rivière au gué du Moulin Bas.
Les mentions les plus anciennes du village au sein des archives départementales de l’Hérault remonteraient à la fin du XIXème siècle.
Architecturalement, les parties les plus anciennes de l’église semblent appartenir à cette époque.
Cependant, quelques
observations archéologiques réalisées lors de la mise en place du réseau d’assainissement permettent maintenant de rajouter un siècle d’Histoire à l’histoire de Buzignargues.
Dans la ruelle du Café, une sépulture a été partiellement fouillée. Seuls les pieds étaient accessibles à l’étude, le reste de la sépulture étant prise sous les murs de l’ancien café. La plupart des maisons bordant la place de l’église sont en effet bâties sur le cimetière médiéval aujourd’hui disparu.
Les ossements ont fait l’objet d’une datation par carbone 14 : l’individu inhumé ici est décédé au cours du Xème siècle !
Il existe ainsi un cimetière, et donc une église, dès la fin de la période carolingienne. De cet édifice carolingien, rien ne subsiste. Peut-être en retrouverait-on les vestiges sous le sol et les murs de l’église actuelle.
Le mur
sud Plan
intérieur Le mur nord