BUZIGNARGUES 1867, enfin un pont sur la Bénovie !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

REPERES CHRONOLOGIQUES

 

De façon générale, l’époque (deuxième moitié du 19ème siècle) est bouillonnante : effervescence intellectuelle : effervescence intellectuelle (Hugo, Baudelaire, Flaubert, Rimbaud…), accélération des progrès scientifiques et techniques et rénovation industrielle (thermodynamique et domestication de la vapeur, sidérurgie, industries chimique et textile…), essor commercial et bancaire (création du Bon Marché, des Halles de Paris, du Crédit Mobilier…), grands travaux d’urbanisme (Haussmann) et développement des voies de communication (voies ferrées, routes, canaux…jusqu’à Suez).

 

Localement….

 

1848

 

Premières études de la construction d’un pont sur la Bénovie qui prévoient déjà les expropriations à opérer à Buzignargues et à Galargues. Mais le projet, dont le coût est jugé prohibitif, est abandonné en cette période trouble (révolution de Juillet, chute de Louis-Philippe, débuts chaotiques de la Seconde République).

 

1858

 

Le 17 septembre, veille de la foire de la Saint-Michel à Sommières, une énorme crue emporte le gué du Moulin Bas, causant des dégâts importants. Le Chemin de Grande Circulation (CGC1) est coupé pendant quelque temps : dommage pour la foire et ceux qui allaient y vendre ou acheter. Situation insupportable : la nécessité du pont dépasse Buzignargues et Galargues et s’étend aux cantons de Castries, Claret, les Matelles, Saint-Martin-de-Londres… Une souscription est lancée à l’initiative de plusieurs communes.

 

 

1862

 

Le 8 novembre, le maire de Buzignargues adresse au Préfet de l’Hérault une lettre aux accents désespérés :

Monsieur Le Préfet,

Par suite des inondations du 11 octobre dernier toutes les passerelles des quatre gués de la rivière Bénovie pour communiquer avec les communes voisines, notamment avec la ville de Sommières restèrent interceptées sans pouvoir passer même pour faire la récolte des olives et autres travaux d’exploitation pendant cinq jours, le facteur rural ne peut faire parvenir les dépêches, il les confiait au Sr Gausserand meunier qui avec sa charrette ne nous les fit parvenir. Depuis plus de quinze jours les inondations n’ont été que plus fortes et plus fréquentes, la communication est encore interceptée et le facteur ne peut encore arriver et les dépêches ne nous arrive que par le moyen de les plier dans un mouchoir avec une pierre et de les jeter à tour de bras au côté opposé de la rivière et vice-versa nous lui fesons parvenir les nôtres par le même moyen, ce qui est bien pénible et même on est en danger que cet envoi tombe dans l’eau et que les dépêches s’y perdent.

En cet état le seul moyen de remédier à cet inconvénient serait la construction d’un pont qui nous est promis depuis longtemps par l’administration de la petite voirie. Veuillez donc Monsieur le Préfet, presser cette construction autant qu’il est en votre pouvoir, les communes intéressées s’occupent de faire une souscription volontaire de journées de prestations en nature. A Buzignargues les propriétaires ont déjà souscrit pour dix journées chacun, Saint-Bauzille pour cins et la liste est en ce moment à Montaud et sera ensuite envoyée dans les autres communes jusques à Saint-Jean-de-Bueges.

Dans l’attente que vous vous occuperez sérieusement de cette affaire si urgente et que vous la mènerez à bonne fin.

Recevez Monsieur le Préfet l’hommage de mon profond respect.

Le Maire Beauquier

 

1863

 

Episodes de crues renouvelées de la Bénovie. La mobilisation locale des communes pour la construction du pont se fait plus forte.

Le maire de Sommières adresse à son tour au Préfet de l’Hérault (21 mars) une lettre en ce sens, signée par tous les membres de son conseil municipal, cependant que de son côté, le maire de Buzignargues revient à la charge.

 

Le 3 octobre, à la suite d’un violent orage, il fait état « d’un précipice de 8 mètres de large sur 1.50 mètre de profondeur, où rien ne peut passer, ni piétons, ni voitures, ni charrettes ». De même, le 29 du même mois, à la suite de pluies torrentielles, il évoque « une charrette chargée de 40 hectolitres de vin qui partait de Saint-Bauzille pour se rendre à Aubenas et qui fut enlevée avec son chargement et disparut. »

 

 

1864

 

Année décisive : les évènements se précipitent. Tandis qu’une lettre de l’Agent Voyer (11 avril) rassemble pour décision préfectorale les différents aspects du dossier (techniques, économiques et sociaux, juridiques) le cahier des charges de l’ouvrage est élaboré. Il s’agira d’un « pont de 34 mètres, avenues comprises, d’une profondeur moyenne de 13 mètres avec 3 arches de plein cintre de 10 mètres d’ouverture, supporté par 2 piliers de 5.60 mètres de hauteur, protégé par des avants et arrière-becs circulaires. »

 

Le coût de la construction du pont est estimé à 49 069.62 francs (cette estimation sera ultérieurement surévaluée à un peu plus de 50 000 francs pour être définitivement acquittée à 47 794.15 francs).

En mai, l’enquête d’utilité publique est boucleé.

 

Le 19 juin, le plan parcellaire des terrains concernés par la construction du pont et de la route de Galargues et la liste des expropriations sont établis (au grand dam du Conseil Municipal de cette dernière commune en désaccord avec le projet). Le coût des terrains à supporter par les municipalités est évalué à 560.60 francs pour Buzignargues et 3639.99 francs pour Galargues (ces prix correspondent aux achats de terrains sur lesquels seront construit pont et route).

 

Le 27 juin, l’adjudication des travaux est publiée et le chantier confié à Hébrard et son équipe de 35 personnes. Dès l’été (avant les crues d’automne) les fondations sont creusées et les deux piles du pont dressées.


1865 / 1866 Les arches sont bâties, les murs d’avenue et la route sont construites. Et ce, malgré des retards liés tant au non respects de normes de construction par Hébrard qu’à des difficultés d’approvisionnement (pierres) et à des problèmes de disponibilité des habitants (vendanges, travaux des champs) devant fournir les journées de travail promises.

 

1867 C’est en été de cette année-là que le pont (à l’exception des parapets, des banquettes et des arbres) est livré et officiellement inauguré en présence du Préfet de l’Hérault. L’ouvrage sera totalement terminé en 1868, banquettes et platanes inclus.


Réalisation : Commission extramunicipale patrimoine, Mairie de Buzignargues

Printemps/été 2011